Du Sang sur la Une.
Revu Le Prix du Danger.
Un film réalisé en 1983 par Yves Boisset d'après la nouvelle éponyme de Robert Shekley, antérieure de 20 ans.
Le thème : exploitant une loi légalisant le suicide, une chaîne de télévision propose un jeu de chasse à l'homme pour gagner de l'audience.
Le film suit François Jacquemard, un chômeur joué par Gérard Lanvin, qui devient candidat à ce jeu mortel. François devient très populaire après avoir remporté la première épreuve éliminatoire. Il est pris en chasse par cinq tueurs, dont une femme. Il réalise que certaines personnes qui l'aident dans sa fuite sont en fait des auxiliaires de la chaîne : il doit "durer" suffisamment pour maintenir les records d'audience de l'émission, mais on le laissera mourir avant qu'il puisse atteindre son but. Il décide donc de jouer le jeu selon ses propres règles, quitte à tuer ses poursuivants, et de dénoncer le trucage sur le plateau de l'émission.
Il est très rare que le cinéma français ose se frotter au genre science-fictionnel. Tout essai n'en est que plus précieux même s'il comporte des défauts.
Bien évidemment, peu de "suspension d'incrédulité" ou de "sens du merveilleux" dans le traitement du thème, les Français préférant s'enraciner dans un contexte réaliste. Le film est tourné à la fois en France et en Bulgarie, en décors "naturels", lesquels ont fait l'objet d'une recherche : immeubles modernes, escalators, ascenseurs extérieurs, galeries de métro... On est dans un avenir proche où les villes ressemblent à nos villes nouvelles. Ces décors qui pouvaient paraître futuristes à l'époque nous semblent aujourd'hui banals, quotidiens...
C'est d'ailleurs ce qui rend le visionnage du film troublant : les moyens techniques ressemblent à ceux d'aujourd'hui : caméras embarquées sur des hélicoptères ou des motos pour suivre la traque, régie finale installée dans un dirigeable, plateaux de télévision contemporain... La télévision décrite dans le film ressemble à celle d'aujourd'hui, le même voyeurisme, l'impudeur des présentateurs, le placement de produit et la publicité vulgaire omniprésente, le déclin des valeurs morales... Si on ne montre pas des mises à mort en direct, on a quand même accepté un jeu comme Le Maillon Faible (dont la formule est raillée dans la saison 1 de Docteur Who) où l'enjeu consiste à trahir ses partenaires pour empocher le magot... Quelle valeur morale prétend-on véhiculer avec un immondice pareil ? Et ne parlons pas de la téléréalité... En fait, on n'imagine sans trop de difficulté un cynique comme le PDG incarné par Bruno Crémer, barreau de chaise en bouche, ou une arriviste comme Marie-France Pisier (jouant une Laurence Ballard !) dans le staff d'une de nos chaines putassières. Mention spéciale au cabotinage de Michel Piccoli qui parvient à devenir aussi horripilant que les présentateurs actuels !
Alors, il est vrai que nous avons des scènes parfois lourdement surjouées avec des personnages unidimensionnels dans le style d'Yves Boisset (Lanvin en beau gosse insoumis à la mine boudeuse, Crémer en pourri, Piccoli en ordure, des beaufs bien beaufs comme dans Dupont-Lajoie etc.) et des images particulièrement violentes : le premier candidat est estourbi à coup de chaines et de rames dans le prologue du film et son corps est exhibé par ses assassins comme une pêche miraculeuse, le facho Jean-Claude Dreyfus s'empale sur des tiges métalliques de béton armé au terme d'une chute mortelle (un effet saisissant et partiellement raté), un poursuivant est abattu d'une balle dans le cou... (ce qui interroge sur la frontière entre dénonciation et voyeurisme) Sans parler de détails anachroniques : l'idéaliste Andrea Ferréol arbore le badge du syndicat Solidarité (l'état de siège a été décrété en Pologne deux ans avant le tournage.) Le film est certes daté mais il conserve un impact très fort car nous avons le sentiment de nous être rapprochés de cette société dénoncée (et nous vivons cette violence au quotidien et par procuration par le biais d'images vomies par nos écrans plats à l'heure des "informations" ou sur le net.)
Plus dérangeant en tout cas que le Running Man de Paul-Michael Glaser (Starsky) tourné quatre ans plus tard avec Arnold Schwarzenegger, d'après un roman de Stephen King (publié sous le pseudonyme de Richard Bachman) qui exploite le même thème.
Un film réalisé en 1983 par Yves Boisset d'après la nouvelle éponyme de Robert Shekley, antérieure de 20 ans.
Le thème : exploitant une loi légalisant le suicide, une chaîne de télévision propose un jeu de chasse à l'homme pour gagner de l'audience.
Le film suit François Jacquemard, un chômeur joué par Gérard Lanvin, qui devient candidat à ce jeu mortel. François devient très populaire après avoir remporté la première épreuve éliminatoire. Il est pris en chasse par cinq tueurs, dont une femme. Il réalise que certaines personnes qui l'aident dans sa fuite sont en fait des auxiliaires de la chaîne : il doit "durer" suffisamment pour maintenir les records d'audience de l'émission, mais on le laissera mourir avant qu'il puisse atteindre son but. Il décide donc de jouer le jeu selon ses propres règles, quitte à tuer ses poursuivants, et de dénoncer le trucage sur le plateau de l'émission.
Il est très rare que le cinéma français ose se frotter au genre science-fictionnel. Tout essai n'en est que plus précieux même s'il comporte des défauts.
Bien évidemment, peu de "suspension d'incrédulité" ou de "sens du merveilleux" dans le traitement du thème, les Français préférant s'enraciner dans un contexte réaliste. Le film est tourné à la fois en France et en Bulgarie, en décors "naturels", lesquels ont fait l'objet d'une recherche : immeubles modernes, escalators, ascenseurs extérieurs, galeries de métro... On est dans un avenir proche où les villes ressemblent à nos villes nouvelles. Ces décors qui pouvaient paraître futuristes à l'époque nous semblent aujourd'hui banals, quotidiens...
C'est d'ailleurs ce qui rend le visionnage du film troublant : les moyens techniques ressemblent à ceux d'aujourd'hui : caméras embarquées sur des hélicoptères ou des motos pour suivre la traque, régie finale installée dans un dirigeable, plateaux de télévision contemporain... La télévision décrite dans le film ressemble à celle d'aujourd'hui, le même voyeurisme, l'impudeur des présentateurs, le placement de produit et la publicité vulgaire omniprésente, le déclin des valeurs morales... Si on ne montre pas des mises à mort en direct, on a quand même accepté un jeu comme Le Maillon Faible (dont la formule est raillée dans la saison 1 de Docteur Who) où l'enjeu consiste à trahir ses partenaires pour empocher le magot... Quelle valeur morale prétend-on véhiculer avec un immondice pareil ? Et ne parlons pas de la téléréalité... En fait, on n'imagine sans trop de difficulté un cynique comme le PDG incarné par Bruno Crémer, barreau de chaise en bouche, ou une arriviste comme Marie-France Pisier (jouant une Laurence Ballard !) dans le staff d'une de nos chaines putassières. Mention spéciale au cabotinage de Michel Piccoli qui parvient à devenir aussi horripilant que les présentateurs actuels !
Alors, il est vrai que nous avons des scènes parfois lourdement surjouées avec des personnages unidimensionnels dans le style d'Yves Boisset (Lanvin en beau gosse insoumis à la mine boudeuse, Crémer en pourri, Piccoli en ordure, des beaufs bien beaufs comme dans Dupont-Lajoie etc.) et des images particulièrement violentes : le premier candidat est estourbi à coup de chaines et de rames dans le prologue du film et son corps est exhibé par ses assassins comme une pêche miraculeuse, le facho Jean-Claude Dreyfus s'empale sur des tiges métalliques de béton armé au terme d'une chute mortelle (un effet saisissant et partiellement raté), un poursuivant est abattu d'une balle dans le cou... (ce qui interroge sur la frontière entre dénonciation et voyeurisme) Sans parler de détails anachroniques : l'idéaliste Andrea Ferréol arbore le badge du syndicat Solidarité (l'état de siège a été décrété en Pologne deux ans avant le tournage.) Le film est certes daté mais il conserve un impact très fort car nous avons le sentiment de nous être rapprochés de cette société dénoncée (et nous vivons cette violence au quotidien et par procuration par le biais d'images vomies par nos écrans plats à l'heure des "informations" ou sur le net.)
Plus dérangeant en tout cas que le Running Man de Paul-Michael Glaser (Starsky) tourné quatre ans plus tard avec Arnold Schwarzenegger, d'après un roman de Stephen King (publié sous le pseudonyme de Richard Bachman) qui exploite le même thème.
(Source image : http://www.cinemaniac.fr)
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